Néris moderne... en 1872

Extrait du livre "Récits et impressions sur Néris les Bains" - 1872 -

Néris moderne

L'étranger qui nous visite après avoir parcouru les fastueuses stations thermales de la France et de l'Allemagne, fait quelquefois des comparaisons peu favorables à Néris.

C'est là un jugement porté à la légère. Voici comment s'exprime sur les eaux de Néris, M le Docteur Rotureau, savant consciencieux et qui voit bien. Si la plupart des établissements thermaux de la France sont dans un état d'infériorité remarquable, on en trouve cependant un certain nombre qui offrent à la fois les avantages d'une excellente distribution intérieure et d'une parfaite organisation de toutes les ressources nécessaires aux différents mode de traitement par l'usage des eaux.

Parmi ces derniers, celui de Néris occupe, sans contredit, la première place. Néris est la station thermale la plus complète de toutes celles qui existent en Europe. (Principales eaux minérales de l'Europe, par M le docteur Ratureau).

Si les eaux de Néris n'ont pas la vogue tapageuse, elles attirent par étonnante efficacité une société d'élite qui leur est bien fidèle. Les salons de Néris ont entendu les conversations poétiques et chrétiennes de Chateaubriant. Lamartine aimait à composer ses vers harmonieux dans la solitude des bois qui environnent la cité thermale. On se rappelle encore les épisodes émouvants de la Vendée, narrés avec tant de foi par le vicomte Walsh.

Pendant que le M. Cousin développait avec feu dans le cirque ses étranges utopies philosophiques, Mgr Pie de Poitiers annonçait avec sa parole si riche, si éloquente, les doctrines éternellement vraies de l'Evangile.

Là le comte de Quatrebarbes, le glorieux défenseur d'Ancône se reposait de ses catholiques combats, pendant qu'un des rois de la finance, de Rotschild, demandait à nos eaux la santé. Ainsi se rencontrent à Néris les illustrations de la science, de la poésie, de la vaillance, de la fortune et de la piété.

D'autres ont dit le luxe de la table, le parfait service des hôtels à Néris. Je préfère constater que les étrangers aiment à témoigner de la douceur, de la bienfaisance du caractère des habitants.

Le Nérisien, disent-ils, a l'abord ouvert et serein, l'esprit vif et enjoué, son langage est facile ; et l'on remarque que l'âme même ne peut ravir aux vieillards le sentiment de leur gaîté naturelle.

A la place de ces plaisirs bruyants que la souffrance craint et repousse, le séjour de Néris offre aux malades les nobles distractions de l'esprit que leur présente une société bien choisie, où règne toujours l'urbanité française.

On ne vient à Néris que pour guérir, dit-on ; je ne sais pas un plus bel éloge à l'adresse d'une station thermale.