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HISTOIRE DE NERIS LES BAINS
19 avril 2007

Le curé RENAULT - Son histoire, ses récits

Le curé RENAULT

L'homme

Le curé Renault fut curé de la paroisse de Néris de 1754 à 1793. C'était un de ces curés qui, très prêt de ses paroissien et de sa commune, notait tout ce qui pouvait se passer sur Néris.

Le curé Renault était un homme fort remarquable par la culture de son esprit et par l'excellence de son caractère. Tous les étrangers de distinction tenaient à le voir, à l'entendre, à lui rendre hommage. On l'interrogeait beaucoup sur l'antiquité du pays, sur l'existence d'une ville qu'il avait le premier révélée et sur son origine ; sur ce qu'il savait de Néron. Et aux questions oiseuses sur ce sujet, dont les dames n'étaient pas toujours avares, il répondait plaisamment : "que Néron avait fait à Néris sa première communion," et il en trouvait parfois d'assez bonnes pour se prêter à cet innocent divertissement.

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Sa maison ainsi, dans la saison des eaux, toujours honorablement fréquentée, quoique des plus simple, ne laissait pas que de traduire, en même temps que le bon goût, les mérite de l'homme qui sut toujours s'en contenter. Elle était précédée d'un parterre de fleurs, orné de rocailles, de coquillages et d'autres objets d'histoire naturelle. Sa taille assez élevée, la tenue de sa personne ne servaient pas moins à signaler l'homme recommandable. Une perruque étagée, assidûment poudrée, suivant l'usage d'alors, son long habit noir à collet montant, aux larges boutons de soie, annonçaient tout de suite l'homme aux habitudes distinguées. Sa voix sonore et grave comme lui roulait à grosses notes. Le curé Renault était quelque chose de plus, c'était un homme de coeur, qui portait dans la chaire une parole facile et chaleureuse.

Le pasteur de Néris devait à son bon naturel et à son bon sens d'unir à la dignité une familiarité paternelle qui faisait que les habitants en aimaient beaucoup, chez eux, la présence, tout en observant à son égard une réserve exempte de contrainte et surtout d'artifice. La vénération et l'amitié de ses paroissiens, qui se faisaient une gloire de le posséder étant à sa disposition, il ne se passait pas, il ne sa faisait rien dans la commune sans qu'il y prît part. Cette mutuelle sympathie qui les honorait tous lui fut utile à plus d'un égard ; elle fit que, pendant la tourmente qui ferma son église, sauf quelques semaines où il se dissimula chez quelqu'un, où chacun fit semblant de ne pas le savoir, il n'eut pas, extérieurement beaucoup à souffrir. 137

Il en fut quitte pour modifier un peu la couleur de son vêtement et attendit la fin de l'orage, après laquelle tout le monde reprit sa place.

Ensuite, en vertu de cette même considération qui naît de l'estime et de l'affection, il ne se découvrait rien dans les champs, dans les fouilles, sans qu'il le sût, sans qu'on l'appelât à l'observation, à l'appréciation des faits. On se faisait un plaisir de lui offrir tout ce qui paraissait digne de son attention, jusqu'aux oeuvres des insectes. Ce n'était pas encore une population hétérogène et crétinisée. C'est ainsi qu'il lui fut possible de former un cabinet de nos antiquités bien plus curieuses que celles que nous glanons aujourd'hui. Il y avait ajouté une petite collection de minéraux, recueillis dans ses promenades du jeudi, avec deux ou trois élèves qu'il avait la bonté d'instruire.

Malheureusement son amour pour les antiquités n'égalait pas sa générosité. Il céda, dans ses dernières années, aux convoitises des amateurs et distribua tout son trésor, perdu pour la science et le pays. C'est qu'en effet le plus beau de cette rare figure, qui n'efface pas mais qui fait briller les autres, c'est son désintéressement. Il nous est peint d'un seul fait, sorte de phénomène ; c'est qu'après 43 ans de séjour dans un poste qui pouvait, de son temps aussi que du nôtre, être convoité par ceux qui appellent vocation ce que Saint Paul appelait la racine de tous les maux, on lui trouva, au jour de sa mort combien d'argent ? 15 francs ! auxquels il faut cependant ajouter, pour tout dire, une bibliothèque des plus modestes, accompagnée de quelques oiseaux empaillés et d'une croix en coquillage. Quant au reste de son meuble, le respect seul empêchait de dire que c'était celui d'un pauvre. Il est vrai aussi que son esprit peu industrieux n'avait pas soupçonné, autour de la table des étrangers, une récolte importune mais économique, et que sa bourse à lui s'ouvrait elle-même aux nécessiteux ; l'avenir lui échappait, il n'en prévoyait pas le progrès. Mais il aspirait à un autre, à un plus digne de son âme généreuse, toute remplie d'amour pour la justice et l'humanité.

Les cahiers de doléances de Néris

En effet, lorsqu'en 1789 il s'agit de rédiger, conformément aux ordonnances royales parties de Versailles, les cahiers contenant les doléances et remontrances que les villes et bourgs avaient à faire à sa Majesté, c'est lui qui fut chargé de la rédaction du nôtre. Le curé Renault refond tout le régime de cette époque, signale toutes les améliorations réclamées pour le système des impôts, qu'il voudrait voir poser sur leur véritable et unique base ; pour les fiances, que dévorait le mode vicieux de leur transport ; pour rendre accessible aux pauvres la justice des tribunaux. Il demande la suppression de la gabelle et refoule aux confins du royaume les traites foraines qui élevaient des frontières dans chaque province. Sa plume y fait le tableau des souffrances générales et particulières qui résultaient des méfaits de l'administration ; il signale l'iniquité odieuse des prescriptions. Il dénonce tous les abus : ceux des tribunaux privilégiés, ceux de la justice seigneuriale, impossible à rendre pour le magistrat asservi. N'imaginez pas qu'il taise ceux du corps dont il fait partie ; il n'oublie pas ces possesseurs de riches bénéfices qui allaient dissiper à la capitale le fruit des sueurs, et souvent du sang, des cultivateurs ; non plus que ce décimateur étranger à la paroisse, où il ne venait que pour faire des procès au pasteur et aux brebis. Il n'omet pas, à l'autre extrémité, l'abus de ces cures à deux ou trois malheureux dont le pasteur désoeuvré, dit-il, finit par penser comme eux : réflexion juste et que justifie toujours l'homme que ne protège pas, en pareille position, une intelligence suffisamment cultivée. il ne quitte pas le sujet sans demander, pour l'Église, la suppression toujours à désirer d'une chose qui en mercantilise celles qui sont saintes. Il s'afflige de voir un pasteur réduit à tirer, pour la prière, le denier de la veuve, mouillé des larmes versées sur son mort, et qui lui manquera pour la vie de ses enfants. Il s'occupe enfin de tous les besoins du peuple, et des hôpitaux et des écoles communales.

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Ses récits, ses annotations... sur l'histoire de Néris

Eh bien ! donc le curé Renault était comme tout le clergé de l'ancien régime, chargé des actes civils, il le fut même depuis, comme secrétaire ou adjoint ; on avait besoin qu'il continuât ce bon office. Or, il consacrait les dernières pages du registre, à la fin de chaque années, aux faits, aux évènements qui en avaient signalé le cours et qui avaient quelque importance pour la science ou pour l'histoire : tout ce qui pouvait éclairer l'avenir et lui être utile. Il note la condition des récoltes, le prix des denrées, leur qualité... Son presbytère était un observatoire, un bureau de statistique, ce que devrait être toutes les mairies. Elles nous offriraient des renseignements qui serviraient à mieux nous conduire. Ainsi, notre intelligent observateur, qui savait user du thermomètre, nous signale des hivers qui n'ont pas eu d'exemple depuis longtemps, mais qui pourraient fort bien nous revenir. Il rapporte qu'en l'année 1788, signalée par des orages épouvantables, des grêles extraordinaires et une grande sécheresse, le thermomètre de Réaumur descendit, en novembre, à 10° au-dessous de zéro, et qu'au 31 décembre, il était à 18° 1/2 et il ajoute que, dans le nord de la France, il s'était abaissé jusqu'à 20 °. Ce qui revient à 25° cent., véritable froid de Sibérie. Il ajoute que les moulins, enrayés par la congélation des rivières, avaient réduit le monde à faire de la farine avec les moulins à tabac, à poivre et à café. Il observe que pour Néris, le seul moulin qui marchait par l'eau thermale avait rendu de grands services.

Un de ses honorables prédécesseurs, le curé Desmaisons, avait déjà fait quelques annotations de ce genre, mais restreintes à quelques faits. Celui-ci rapporte qu'en 1740, année remarquable par des inondations extraordinaires qui arrivèrent en diverses contrées de l'Europe, il gela à Néris pendant presque tous les mois de l'année. Le 26 juillet, il y eut de la glace et, le 7 et le 15 octobre, elle fut épaisse d'un doigt. Il parle d'une manière pittoresque de la triste récolte des vignes. L'an dernier (1858) après un mois de juin où la température fut constamment au-delà de 30° cent., le 5 juillet, le thermomètre descendit si bas qu'à quelques lieues d'ici, aux alentours de Marcillat, les haricots gelèrent, et, un peu plus loin, le sorgho qu'on venait d'y introduire.

Le curé Renault a eu l'avantage d'observer plusieurs aurores boréales, phénomène assez rare dans notre latitude. Il décrit différents météores, dont l'un est très notable par ses phases, sa durée et sa récidive. En voici la description : "Le trois du mois de novembre, en me promenant dans mon jardin, à sept heures et demie du soir, l'air était fort doux, le ciel serein et le vent au nord, j'aperçus un météore extraordinaire. Le temps s'éclaircit au point que l'on crut qu'il allait éclore un nouveau jour. Entre le nord et le couchant, je vis paraître un globe lumineux et d'un diamètre très considérable, qui s'élevait dans la direction du couchant d'hiver ; il s'en échappait, successivement ou à la fois, de fortes étincelles, et le cercle dont il était entouré était formé de rayons de plusieurs couleurs, parmi lesquelles on distinguait surtout l'orange. Lorsque ce globe fut à une certaine hauteur, il en sortit deux espèces de volcans qui, séparés de la masse, prirent la forme de deux grands arcs-en-ciel, dont l'un se perdit vers le nord et l'autre vers l'ouest. Alors je vis la masse se fondre insensiblement, au point qu'environ neuf heures tout avait disparu. Ce phénomène n'avait été accompagné d'aucune explosion. Le 27 du même mois, ce météore se renouvela environ à la même heure et presque avec les mêmes circonstances."

On apprend notamment que la grippe du mois de janvier 1776 fit de nombreuses victimes sur la commune, surtout chez les plus âgés.

C'est à la même place des actes civils que sont consignées les découvertes faites dans les fouilles ou pendant la construction de la route.

Le curé RENAULT, témoin de la "Grande Peur" de 1789

C'est à la fin de 1789, que le curé Renault raconte un singulier événement, qui apparut sur l'horizon de cette époque, comme un nuage dans le ciel de l'Océan, signe d'orage pour les matelots. Si les historiens de cette ère nouvelle n'ont pas tous négligé le fait, ils n'ont pu, par les détails, en faire saisir la physionomie et nous peindre la condition où l'esprit du peuple se trouvait puérilisé.bastille

Ce mouvement imaginé, on l'a dit par Mirabeau, s'il fut bien conçu il fut bien exécuté. Il suppose des affidés, postés dans tous les cantons et qui, à l'heure indiquée de la nuit convenue faisaient galoper dans tous les rayons à la fois le mensonge et la frayeur, si bien qu'au même instant une troupe ennemie se trouva aux portes de tout le monde et visible chez personne. La terreur fut si générale, si uniforme que les populations urbaines et rurales ont, jusqu'à notre nouvelle génération, appelé cette année, l'année de la peur.

Ce qu'il y a de curieux pour nous dans cette histoire et de récréatif en particulier dans le récit qu'on va lire, c'est de voir des personnages haut placés dans la hiérarchie militaire partager la simplicité des masses, celle de croire qu'une troupe ennemie pouvait s'abattre au milieu de la France, comme des oiseaux de passage, sans que l'autorité supérieure se fût aperçue de son approche, sans qu'elle y opposât elle-même la force armée.

"Je n'entreprendrai pas, dit notre vénérable curé, de faire l'histoire de l'Assemblée Nationale, je n'en rapporterai que les traits qui ont quelques rapports avec la paroisse...

Cet évènement fut célébré dans tout le Royaume ; tous prirent la cocarde nationale, prêtres, nobles, religieux, religieuses, roturiers et quiconque paraissait sans cette décoration était non seulement insulté vivement mais encore maltraité. A la procession les prêtres et religieux avaient la cocarde, les uns à leur bonnet carré, les autres à leur coqueluchon. Tous mes paroissiens se mirent sous les armes et à la suite de la procession on alluma un feu sur la grande route. La procession se fit le 26 juillet, et le 30, jour de Saint Abdon, nous eûmes bien une autre scène. A deux heures du matin, je fus réveillé par un bruit horrible qu'on faisait à ma porte ; je me jette à bas du lit, j'entends crier : Au secours ! Aux armes ! Nous sommes tous brûlés, massacrés ! J'ouvre ma porte et je vois un homme forcené armé d'une fourche de fer, les yeux hagards, échevelé qui me donne un papier en criant que nous étions tous perdus ; je le lis et je vois ces mots :

M. le Curé est prié d'envoyer tous les habitants de la paroisse pour se rendre à Montluçon au secours de la ville étant sur le point d'être perdue. C'est de la part de Messieurs de la ville. Signé Godignon, marchand.

Il m'ajoute que Guéret est tout massacré et brûlé et que c'est une troupe de brigands qui, peut-être, sont déjà à Montluçon. Il part dans l'instant pour porter la nouvelle ailleurs.

Je fais sonner le tocsin, passer le tambour ; tout s'éveille en désordre, tout, étrangers, habitants arrivèrent épouvantés devant chez moi. On s'arme de fusils, de broches, de dards et de faulx... Les femmes se désolent, les enfants crient, enfin, c'est un tintamarre affreux. Tous les guerriers étant assemblés, je leur explique ce dont il s'agissait. Tous se décident à courir à Montluçon, malgré les femmes qui veulent les retenir. Avant de partir, ils me demandent la bénédiction. Je les conduis à l'église, le tambour en tête ; je leur dis ces mots : Il se peut faire, mes enfants, que ce soit une fausse alarme qu'on vous ait donnée mais il faut montrer à Montluçon votre zèle à le secourir. Si la nouvelle est vraie, il faut vous armer de courage pour défendre vos foyers et vos ménages et demander à Dieu qu'il vous protège et répande sa bénédiction sur votre entreprise.

Après cette courte exhortation, ils partent au nombre de 160, arrivent en bon ordre à la ville, tambour battant, montent à la Place Notre-Dame où ils furent complimentés sur leur zèle et leur courage. L'heure de la messe venue, je la célèbre après avoir fait la procession de Saint Abdon ; sur la fin, j'entends du mouvement dans l'église. Deux ou trois personnes s'approchent de l'autel, me regardent avec des yeux inquiets ; la messe finie, une grande partie des assistants me suit à la sacristie et l'on me remet ce second billet : "La ville de Montluçon invite par nous M. le Curé de Néris d'inviter, au son du tocsin, tous ses paroissiens à venir au secours de Montluçon qui est menacé d'être attaquée par les brigands et les ennemis de l'Etat. A Montluçon, le 30 juillet 1789. Signé Martines de Lavernate, lieutenant-général de la police". J'exhorte encore ceux qui n'étaient pas armés d'aller joindre les autres ce qu'ils firent au nombre de cent.

A dix heures, nous entendons revenir tous nos gens. Messieurs de Montluçon ne voyant rien paraître et voyant aussi tant de bouches à nourrir, les congédièrent en les priant de retourner, en cas d'événement. Ce qui ne tarda pas car à midi et demi, nous eûmes une troisième alerte, plus considérable que les deux premières. Trois cavaliers arrivent ventre à terre et coup sur coup. On n'en pouvait plus douter, les ennemis étaient sur nos talons. Le tocsin, le tambour recommencent leur train et les cris en même temps. On voyait les femmes éplorés transporter les enfants, les cacher, enlever leurs meubles, les porter dans les vignes, dans le creux des rochers. Les visages étaient pâles et défigurés.

On s'arme une troisième fois. Quantité d'étrangers qui étaient aux eaux retournent chez eux. M. de l'Astic, lieutenant-général des armées du Roi alors prenant son bain se charge du commandement de la troupe, ne l'envoie pas à Montluçon mais la fait poster par pelotons sur les différentes avenues de Néris. On envoie de Montluçon de la poudre et du plomb. La nuit approche et point d'ennemis. Le commandant fait rapprochersans_culotte4 tous les pelotons du bourg, met un corps de garde dans la cour du Sieur Gitton, donne un souper à toute la troupe qui lui coûta 60 livres. Le souper se prolongea un peu dans la nuit, quelques verres de vin de trop firent oublier les ennemis et le corps de garde s'amusa à tirer des coups de fusil, ce qui manqua encore de mettre l'alarme dans les environs. Presque toutes les femmes couchèrent dans les vignes. Le lendemain, nous reçûmes la lettre suivante, écrite par MM. de Guéret : "Messieurs, depuis la lettre que nous avons eu l'honneur de vous écrire, nous avons appris par ceux que nous avions envoyés à la découverte, que les brigands existent véritablement. Ils ont attaqué avant-hier la ville de Gonfolant à 5 lieues de Limoges, d'où ils ont été repoussés avec perte. Cette troupe marche, dit-on, assez mal en ordre, ceux qui la composent sont habillés de toutes couleurs. Notre projet, si nous pouvons par notre correspondance les découvrir, est d'aller à leur rencontre et de les attaquer. Il nous est arrivé beaucoup de monde de nos environs ; le défaut de vivre nous a engagé à en renvoyer une partie."

Enfin, pour nous tranquilliser, nous recevons de M. Foullon de Doué, intendant de Moulins, la lettre suivante : "On a Monsieur, répandu l'alarme dans les campagnes, sur l'apparition de prétendues troupes de brigands qui les dévastent ; j'ai envoyé des courriers dans tous les endroits où l'on assurait qu'elles s'étaient montrées ; il n'en a paru nulle part. Je vous prie d'en instruire vos paroissiens et de leur dire qu'ils peuvent reprendre leurs travaux en toute sûreté".

Cette alarme ne fut pas seulement pour ce canton-ci mais troubla tout le royaume à la fois à peu d'heures près. La source en est encore un mystère. Heureusement, elle n'a occasionné aucun malheur dans notre pays. Mais on assure que dans d'autres, des femmes en couche ont péri, que des enfants cachés et oubliés ont été trouvés morts quelques jours après et que beaucoup d'argent et de meubles enfouis ont été perdus. Le seul tort que cette nouvelle a fait à Néris, c'est qu'elle a dépeuplé toutes les auberges des infirmes qui prenaient les eaux. Ce qui précipita encore ce départ, ce fut la terreur panique d'un marquis qui, voyant de sa fenêtre des moissonneurs paraître sur la pierre du Créchou pour considérer d'où venait le tapage qu'il entendait, cru que c'était les ennemis et alla tout effaré le publier aux bains et trouver des esprits tout disposés à le croire. Personne n'y parut plus jusqu'au 15 août qu'on vint en foule de tous les coins du royaume. Depuis cette époque jusqu'à la première semaine d'octobre, on compta aux eaux 220 étrangers, entre autres Mme de Clermont-Tonnerre, épouse du comte de Clermont-Tonnerre, alors président de l'Assemblée Nationale ; M D. Dupoux, ministre du Roi en Pologne et sa famille. La première fut reçue à Montluçon avec tous les honneurs militaires. Toute la saison fut très brillante et très gaie. Dans les deux maisons ci-dessus énoncées, il y eut bal tous les dimanches et fêtes. Toute la ville de Montluçon s'y rendit ; beaucoup de repas. Et tandis qu'on pleurait dans beaucoup d'endroits du royaume, on riait et on se divertissait à Néris.

Enfin, nous jouissons de la plus grande tranquillité, et quoique au dernier décembre nous n'avons pas encore eu de neige, il fait le plus beau temps possible pour la saison. Les malheureux travaillent, les riches soulagent les infirmes, nous avons la plus belle apparence d'une récolte abondante en tout genre de grains et nous attendons avec patience et résignation les résultats de l'Assemblée Nationale.

Extrait de "Monuments de l'antique Néris - coup de balai aux légendes sans cesse débitées pour son histoire" par le Dr L Forichon. (1866)

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